- miséricorde
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• 1120; lat. misericordia, de misericors « qui a le cœur (cor) sensible au malheur (miseria) »I ♦1 ♦ Vieilli Sensibilité à la misère, au malheur d'autrui. ⇒ bonté, charité, commisération, compassion, pitié. Sœurs de la Miséricorde. — Mar. Ancre de miséricorde.2 ♦ Pitié par laquelle on pardonne au coupable. ⇒ clémence, indulgence, pardon. Demander, obtenir miséricorde. — Relig. La miséricorde divine. ⇒ absolution. — Loc. prov. À tout péché miséricorde : toute faute est pardonnable.3 ♦ Interj. Exclamation qui marque une grande surprise accompagnée de douleur, de peur, de regret.II ♦ Saillie fixée sous l'abattant d'une stalle d'église, pour permettre aux chanoines, aux moines, de s'appuyer ou de s'asseoir pendant les offices tout en ayant l'air d'être debout. ⊗ CONTR. Cruauté, dureté.Synonymes :- patiencemiséricorden. f.d1./d Compassion éprouvée aux misères d'autrui. Ayez miséricorde. Syn. pitié.d2./d Pardon, grâce accordée à un coupable. Implorer miséricorde.|| (Prov.) à tout péché miséricorde: toute faute peut être pardonnée.d3./d Miséricorde!: exclamation exprimant la surprise, la crainte.⇒MISÉRICORDE, subst. fém.A. — 1. Compassion pour la misère d'autrui. Synon. commisération. Exercer, pratiquer la miséricorde; faire miséricorde. Sur le haut de grosses charrettes de foin les yeux des paysans me regardent à la fenêtre avec miséricorde (JACOB, Cornet dés, 1923, p.162).♦Œuvres de miséricorde. Bonnes oeuvres:• 1. Dès ce moment les oeuvres de miséricorde n'eurent plus de retenues: il y eut comme un débordement de la charité sur les misérables, jusqu'alors abandonnés sans secours, par les heureux du monde.CHATEAUBR., Génie, t.2, 1803, p.505.2. Générosité entraînant le pardon, l'indulgence pour un coupable, un vaincu. Synon. clémence. Demander, obtenir miséricorde; s'abandonner, se remettre à la miséricorde de qqn. L'arrestation signifiait: les assises, le jugement, la mort, la mort sans miséricorde et sans délai (DUMAS père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.533). V. être2 ex. 12.3. RELIG. Bonté par laquelle Dieu fait grâce aux hommes. Dieu de miséricorde!... Pitié! (KRÜDENER, Valérie, 1803, p.97). Dieu fait réellement miséricorde aux coupables en les châtiant dans ce monde (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t.2, 1821, p.119). La miséricorde de Dieu est infinie (CLAUDEL, Otage, 1911, III, 4, p.301).— P. méton.:• 2. «... Dieu... disposait tellement toutes choses pour mon bien et pour mon édification, que je ne pouvais assez admirer la grandeur de ses miséricordes.»BREMOND, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.248.♦Loc. À tout péché miséricorde. Aucune faute n'est impardonnable. À tout péché miséricorde et surtout aux péchés de jeunesse (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.474).4. [Exclam. marquant la surprise, la douleur, l'inquiétude (v. malheur)] Miséricorde! Miséricorde! plus tu l'essuies, plus la tache paraît! (QUINET, Ahasvérus, 1833, 3e journée, p.245). Miséricorde! si ça allait ne pas être bien! (GREEN, Journal, 1934, p.223).— Loc. Crier miséricorde. Exprimer vivement sa douleur. Le Barthaut, pourtant, qui arrivait aux nouvelles fut surpris à en crier miséricorde (POURRAT, Gaspard, 1925, p.248).B. —Spécialement1. HIST. DES ARMES. Dague dont on se servait au Moyen Âge pour menacer l'ennemi et l'obliger à se rendre et demander miséricorde. (Dict. XIXe et XXe s.).2. RELIGIONa) Petite saillie sous une stalle d'église sur laquelle on peut s'appuyer lorsque le siège est relevé et paraître se tenir debout. Le public n'était averti de leur présence que par le choc des miséricordes des stalles se levant ou s'abaissant avec bruit (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.597).b) Récréation, boisson ou aliments supplémentaires donnés à certaines occasions dans des ordres religieux. (Dict. XIXe et XXe s.).3. MAR. Ancre de miséricorde.Prononc. et Orth.: [
]. Ac. 1694 et 1718 -se-; dep. 1740: -sé-. Étymol. et Hist. 1. a) 1re moitié du XIIe s. misericorde «bonté par laquelle Dieu pardonne aux hommes» (Psautier Oxford, 102, 4 ds T.-L.); 1664 miséricorde! «exclamation qui sert à marquer quelque malheur» (MOLIÈRE, La Princesse d'Élide, deuxième intermède, scène 2); 1680 à tout péché miséricorde (RICH.); b) ca 1268 «vertu qui porte à soulager les misères d'autrui» (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, II, 109); c) 1640 crier miséricorde «se plaindre, crier bien fort» (OUDIN Curiositez); 2. a) ca 1180 «épée très courte» (Fierabras, 176 ds T.-L.); b) ca 1250 «petite saillie de bois fixée sous le siège d'une stalle» (Règle cistercienne, 455 ibid.) [cf. lat. médiév. misericordia att. dès le XIe s. ds GAY]; c) 1680 «repas que le Chartreux fait une fois la semaine au pain et à l'huile» (RICH.); 1721 «récréation, relâche qu'on accorde en certains temps aux moines» (Trév.); d) 1832 ancre de miséricorde (Scènes de la vie maritime ds JAL, s.v. ancre). Empr. au lat. misericordia «compassion, pitié», dér. de misericors «qui a le coeur (cors) sensible à la pitié». Fréq. abs. littér.: 932. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 1764, b) 1476; XXe s.: a) 1349, b) 855.
miséricorde [mizeʀikɔʀd] n. f.ÉTYM. V. 1120; lat. misericordia, de misericors « qui a le cœur (cor) sensible à la détresse, au malheur (miseria) ».❖———1 (V. 1265). Vieilli. Sensibilité à la misère, au malheur d'autrui. ⇒ Bonté, charité, commisération, compassion, pitié (→ Combattre, cit. 9; espérer, cit. 9). || Œuvres de miséricorde. ⇒ Aumône (cit. 9). || Sœurs de la Miséricorde. || Exercer, pratiquer la miséricorde. || Être enclin à la miséricorde. ⇒ Miséricordieux.1 Pour vous raconter les diverses actions de miséricorde qu'elle a faites, il faudrait vous décrire ici toutes les misères humaines.Fléchier, Oraison funèbre de la duchesse d'Aiguillon.♦ ☑ Loc. (Vx). Faire miséricorde.2 (V. 1120). Pitié par laquelle on pardonne aux coupables. ⇒ Clémence, indulgence, merci, pardon (→ Homicide, cit. 9). || Puni sans miséricorde. ⇒ Irrémissiblement. || Demander, crier, obtenir miséricorde.2 Il me semble, lui dit-elle, un sanglot séparant chacun de ses mots, que votre cœur justement irrité s'est radouci, et que peut-être avec le temps j'obtiendrai miséricorde.Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 631.3 (…) on pendait sans miséricorde tous ceux qui parlaient de traiter avec le roi.Voltaire, Hist. du Parlement de Paris, XXXII.♦ (V. 1120). Relig. || La miséricorde divine, de Dieu, du ciel… ⇒ Absolution (→ Abandonner, cit. 35; délivrer, cit. 5; endurcir, cit. 7; endurcissement, cit. 3). || La miséricorde s'épanchait (cit. 14) du ciel dans son cœur. || Dieu de miséricorde (→ Infini, cit. 4). — Vierge de miséricorde (thème iconographique de la Vierge abritant les pécheurs sous son manteau). — ☑ Loc. prov. À tout péché miséricorde : toute faute doit pouvoir trouver pardon.4 Dieu fait miséricorde au pécheur misérable.Molière, le Dépit amoureux, III, 4.5 Car je voudrais savoir d'où cet animal (l'homme), qui se reconnaît si faible, a le droit de mesurer la miséricorde de Dieu, et d'y mettre les bornes que sa fantaisie lui suggère.Pascal, Pensées, VII, 430.3 (1680). Interj. (Marquant une grande surprise accompagnée de douleur, de peur, de regret). ⇒ Misère. || Miséricorde ! il va se tuer s'il fait cela (Académie).6 Et je vis trois gibets sur la colline haute,Et trois suppliciés qui pendaient côte à côte.— Miséricorde ! dit le moine tout en pleurs,C'était le Roi Jésus entre les deux voleurs !Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Le corbeau ».➪ tableau Principales interjections.———II1 (V. 1170). Poignard, dague dont on menaçait l'ennemi abattu pour l'obliger à se rendre, à demander miséricorde.2 (1653). Saillie fixée sous l'abattant d'une stalle d'église, pour permettre aux chanoines, aux moines « de s'appuyer ou de s'asseoir pendant les offices, tout en ayant l'air d'être debout » (Réau). || Miséricordes sculptées, décorées de bas-reliefs.3 (1680). Repas hebdomadaire des Chartreux, moins frugal que de coutume.❖CONTR. Cruauté, dureté.DÉR. Miséricordieux.
Encyclopédie Universelle. 2012.